[Linux-bruxelles] Les logiciels libres et le genre

denis denlistes at altern.org
Mer 28 Juin 13:28:02 CEST 2006


Le mercredi 28 juin 2006 à 10:03 +0100, Yannick Warnier a écrit :
> > Et comme d'habitude cela tombera dans les oubliettes :p
> 
> On peut le sortir du mode troll si tu veux :-)

Oui, c'est sans doute mieux surtout qu'on est plus dans le registre du
mode beauf que du mode troll :-)
> 
> D'après ce que j'ai vu jusqu'ici, j'ai raison (même sans l'avoir
> vraiment voulu au départ) et il faut revoir la façon d'éduquer les
> enfants du sexe féminin pour arriver à une égalité en quantité dans le
> domaine informatique dans quelques dizaines d'années.

Oui sans doute mais voir cette question uniquement sous le prisme de
l'éducation pour un résultat hypothétique dans quelques dizaines
d'années ne nous permet juste que d'être relativement impuissant et de
ne pas y voir notre responsabilité quotidienne !

C'est ici et maintenant que le problème se pose !

Combien de femmes sur cette liste, combien qui viennent aux LCP, combien
qui participent aux projets libres dans lesquels on est impliqué ?

Si on reprend l'article, il y a quand même tout une serié de points qui
sont très concrèts et actuels:

- les femmes sont, inconsciemment mais activement, exclues de la
communauté. Le climat est assez agressif pour les nouveaux-venus en
général, particulièrement pour les femmes

-Il y a trois caractéristiques qui, selon FLOSSPOLS, rendent la
communauté des logiciels libres peu attractive pour les femmes : un
ethos qui place la technologie au centre de tout, la glorification de
l'auto-apprentissage, et l'utilisation nécessaire du temps libre (voir
cadre). 

- Les participants F/LOSS glorifient la culture du 'hacker', et voient
la technologie comme quelque chose de détaché du monde social courant,
auquel ils associent les femmes. On estime que les femmes sont plus
douées en communication, et elles se voient ainsi confier des rôles de
développeuses de manuels ou d'interfaces graphiques, des tâches moins
techniques, considérées comme moins prestigieuses. Rapidement, les
femmes ont le sentiment de ne pas être les bienvenues, de ne pas
appartenir à cet univers, et se détournent des logiciels libres. 

- On attend des participants à un projet de logiciel qu'ils aient une
grande expérience dans le domaine de l'informatique. Généralement, les
femmes entrent en contact avec l'ordinateur plus tard que les hommes, et
doivent donc rattraper pas mal de choses. D'entrée de jeu, se retrouver
dans un environnement où l'auto-apprentissage est encouragé est peu
attractif. 

- Les logiciels libres naissent de longues heures de travail bénévole.
La plupart du temps, les femmes s'occupent de la majorité des tâches
ménagères, et ont donc moins d'heures de temps libre que les hommes. 

> La problématique des logiciels libres était toutefois le vrai sujet du
> mail de Denis, et à ce titre l'explication d'Aurélie Chaumat est qu'on
> ne peut pas demander à une femme de lire un manuel (je résume un peu,
> mais c'est ce qu'elle dit), et que comme les logiciels libres sont basés
> sur des modes d'emploi plutôt que sur des formations "live", ça
> n'emballe pas les femmes.
> 

Oui, c'est un des points soulevés.

Il me semble évident qu'au plus on fait reposer des processus de
transmission des savoirs sur l'auto-apprentissage au plus ils sont
discriminatoires, d'autant plus pour les femmes.

> Maintenant bon, je suis convaincu que je dois mettre ma future petite
> fille à l'épreuve en jouant avec elle de façon constructive et en lui
> donnant des jeux jusqu'ici qualifiés de "pour garçons", avec des modes
> d'emploi à comprendre, mais à part ça, que faire?
> 

Remettre en question nos pratiques face aux critiques qu'elles
suscitent, débattre des questions de domination et d'exclusion...

Par exemple, la plupart du temps en informatique, quand un homme
explique quelque chose à une femme, elle n'a jamais accès à la machine,
tout va très vite et rien de compréhensible n'a été transmis...

Quand des femmes s'organisent entre-elles en groupe non-mixte, les
choses fonctionnent souvent mieux ...

On a pleins d'exemples autour de nous, je dirais même qu'on a presque
que ça et très peu de contre-exemples ...

> C'est pas pour dire mais quand je veux expliquer à une femme (ma mère,
> ma copine, l'ensemble de mes ex-copines et de leurs copines, et mes
> amies directes) comment faire une manipulation sur l'ordi, soit ça les
> intéresse et le lendemain elles ont oublié, soit elles ont des préjugés
> et ne veulent rien apprendre. Alors quoi? Je suis comme Saint Machin (ça
> doit être Thomas). Qu'on me montre une majorité de femmes qui ont la
> volonté d'apprendre des choses en informatique et je croirai que le
> monde peut changer. Est-ce que le fait de laisser une fille jouer à la
> poupée quand elle est petite lui enlève aussi toute intérêt dans les
> choses techniques?

Non, mais ça structure son imaginaire, elle doit être douce, aimante,
s'occuper des enfants,...

Il y a une solide dose d'idéologie patriarcale dans la division entre
garçons et filles d'un magasin de jouets !

A+
Denis





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