[Linux-bruxelles] RE: [Le Monde] : L'Etat doit adopter une politique du logiciel

Didier Coeurnelle didiercoeurnelle at village.uunet.be
Mer 23 Oct 21:43:25 CEST 2002


Intéressant merci, j'envoie en cc à quelqu'un qui est très intéressé par
rapport à tout ce qui est open source (bonjour Osvaldo).

Didier C.
  -----Message d'origine-----
  De : Gauthier le Bussy [mailto:lebussy at spri.ucl.ac.be]
  Envoyé : mercredi 23 octobre 2002 12:18
  À : Didier Coeurnelle; philippe.lesne at ecolo.be
  Objet : [Le Monde] : L'Etat doit adopter une politique du logiciel



  Si ça peut aider ceux qui méditent sur le sujet...
  G.

  L'Etat doit adopter une politique du logiciel
  Mercredi 23 octobre 2002
  (LE MONDE INTERACTIF)

  Un rapport du Plan préconise l'élaboration d'une stratégie cohérente
d'achat et d'équipement, qui soutiendrait l'industrie informatique
nationale.

  Dans un secteur à évolution (très) rapide comme celui des technologies de
l'information, un acteur aussi balourd que l'Etat peut-il même rêver d'avoir
un rôle ? Aussi étrange que cela paraisse, une commission du Commissariat
général du Plan, présidée par Hughes Rougier, ex-PDG de Matra Datavision,
répond "oui, il le peut".

  Premier constat de ce rapport intitulé "Economie du logiciel : renforcer
la dynamique française", présenté le 17 octobre : le "retard" tricolore en
matière de nouvelles technologies n'est pas aussi évident qu'il y paraît.
Certes, la France a un nombre d'internautes ou de connexions haut débit
moins important que l'Allemagne ou l'Angleterre, et l'Etat, avec sa filiale
France Télécom, n'est pas dénué de responsabilités dans cette situation.

  Malgré cette faiblesse du marché intérieur grand public, l'économie du
logiciel représenterait déjà environ 270 000 emplois en France, soit à peu
près autant que l'automobile. Quant au chiffre d'affaires, il pourrait bien
avoisiner 31,6 milliards d'euros en 1999 (47,6 milliards pour l'automobile),
selon le Syntec informatique, l'organisation professionnelle du secteur.
Certes, la France ne compte guère de grands éditeurs de logiciels, lesquels
sont presque tous américains. En revanche, elle occupe une place confortable
dans l'intégration de systèmes (Cap Gemini Ernst & Young est classé au 6e
rang mondial), et des entreprises comme Dassault, Alcatel ou Thomson
Multimedia occupent des segments non négligeables dans les nouveaux domaines
du logiciel.

  L'Etat, qui n'a joué aucun rôle dans cette situation, peut-il aujourd'hui
la faire évoluer ? Disons-le tout de suite, la seule proposition réellement
forte du rapport est celle qui touche à l'Etat acheteur de logiciels. En
2000, l'ensemble des collectivités locales et des administrations a consacré
une somme de 9 milliards d'euros à la dépense informatique. L'Etat aurait
donc intérêt à penser sa politique en la matière, d'autant qu'il y va de son
propre avenir : comme certaines tentatives l'ont montré - bien
qu'imparfaitement - à Bercy, une politique logicielle intelligente offre à
un gouvernement volontaire un moyen souple pour mener à bien une réforme de
l'Etat.

  La recommandation de la création d'une direction des systèmes
d'information centralisée, qui serait "responsable des choix d'architecture"
et des outils communs à l'ensemble des structures d'Etat, ou encore celle
d'une réforme du code des marchés publics, aujourd'hui mal adapté aux
prestations intellectuelles en général et aux logiciels en particulier,
paraissent frappées au coin du bon sens. Le but de toutes ces opérations
serait bien entendu de réduire les coûts en profitant des offres
d'infogérance par exemple, mais aussi de soutenir des solutions d'open
source (libres de droits et perfectibles par une communauté d'utilisateurs)
et de bâtir des partenariats durables avec des entreprises capables de
travailler à des systèmes utiles au public comme au privé.

  Cette politique centralisée fait d'autant plus sens que, par sa force de
frappe financière, l'Etat peut accélérer utilement des évolutions de marché
en direction des logiciels open source. Des interventions bien ciblées
peuvent aider à propulser au sommet un outsider national ou à réduire
l'omnipotence de certains éditeurs, notamment américains, qui occupent des
positions monopolistiques sur certains segments de marché.

  Outre sa capacité d'équipements, l'Etat peut aussi jouer un rôle utile en
finançant la recherche. Parmi les pistes évoquées, la mise en place d'une
politique d'incitations mieux ciblées vient en tête. Ainsi, le crédit
d'impôt recherche pourrait être élargi, et le Réseau national des
technologies logicielles (RNTL), créé en 2000 pour favoriser les
coopérations privé-public dans le domaine des technologies logicielles,
gagnerait à être mieux doté en moyens financiers. Actuellement, le soutien
public au génie logiciel n'est que de 80 millions d'euros par an, ce qui
n'incite guère les chercheurs du public à faire une carrière sur ce créneau.

  Les rapporteurs se sont également risqués à étudier la question de la
brevetabilité du logiciel. Ayant compris qu'il s'agissait d'un domaine à
forte teneur polémique où les tenants de l'open source se sentent pénalisés
et où les recherches d'antériorité risquent de se révéler très
conflictuelles, le rapport du Plan s'est refusé à une position tranchée. Et
pour le cas où le champ du brevetable finirait par s'étendre, le rapport
recommande un certain nombre de positions défensives : tenter d'écarter les
méthodes et les algorithmes de la brevetabilité, ainsi que les formats et
langages, et tenter de réduire à trois ans au lieu de cinq la protection des
produits.

  Enfin, concernant la normalisation logicielle, le rapport demande à l'Etat
d'y jouer un rôle incitatif. Des pouvoirs publics vigilants et en veille
perpétuelle seraient ainsi à même de conseiller utilement des entreprises
nationales ou privées pour qu'elles participent plus activement aux comités
de régulation que les professionnels mettent spontanément en place au niveau
international (le World Wide Web Consortium en est le meilleur exemple).

  Bien que la capacité de l'Etat à jouer les sages omniscients puisse être
sérieusement mise en doute, il semble qu'une politique d'achat centralisée
et intelligente vis-à-vis du logiciel est la piste la plus prometteuse. Car
si l'abstraction informatique pouvait aider à venir à bout des corporatismes
bien concrets qui paralysent ou confisquent le fonctionnement de l'Etat,
cela serait déjà un progrès certain.

  Yves Mamou



  *Droits de reproduction et de diffusion réservés; © Le Monde 2002
  Usage strictement personnel. L'utilisateur du site reconnaît avoir pris
connaissance de la licence de droits d'usage, en accepter et en respecter
les dispositions.
  Politique de confidentialité du site.


-------------- section suivante --------------
Une pièce jointe HTML a été nettoyée...
URL: <http://listes.domainepublic.net/pipermail/linux-bruxelles/attachments/20021023/a6a22680/attachment-0001.html>


Plus d'informations sur la liste de diffusion Linux-bruxelles