[Linux-bruxelles] Fwd: Mesures en faveur du libre

Sébastien Jodogne s.jodogne at gmail.com
Sam 10 Mai 21:57:33 CEST 2014


Bonsoir à tous,

En complément aux échanges très dynamiques d'aujourd'hui, je me permets de
relayer, en toute transparence (je dirais même en "open-access" ;) ), un
ensemble de mesures concrètes que j'ai transmises à Alain et à Benoît voici
deux semaines.

Il me semble que ces mesures permettraient de mettre en place une dynamique
en faveur de l'open-source, de l'open-data et de l'open-science en
Belgique. Nous pourrions ainsi motiver la création d'entités semblables à
l'April ou au Conseil National du Logiciel Libre en France.

Sincèrement,
Sébastien-


---------- Forwarded message ----------
From: Sébastien Jodogne <s.jodogne at gmail.com>
Date: 2014-04-23 10:52 GMT+02:00
Subject: Mesures en faveur du libre
To: Alain MARON <alain.maron at ecolo.be>, HELLINGS Benoit <
benoit.hellings at ecolo.be>


Rebonjour,

Comme promis lors de notre agréable conversation Skype, voici un petit
compendium de mesures qui pourraient, me semble-t-il, bénéficier à l'essor
du logiciel libre en Wallonie et à Bruxelles.

Tout d'abord, un résumé des grandes lignes philosophiques qui sous-tendent
les mesures :

   1. Il faut *éduquer les représentants politiques* pour qu'ils
   comprennent de quoi il s'agit (nous ne sommes pas des barbus
   révolutionnaires, mais des techniciens passionnés et pointus qui produisons
   du code de qualité identique au propriétaire).
   2. Il faut faire passer le message qu'open-source ne veut pas dire
   gratuit. Il n'est gratuit que si on a un temps infini devant soit. Nous
   reconvertir vers le libre laisse la place à la *création d'un tissu
   industriel *de services à haute valeur ajoutée, locales et non
   délocalisables. Au contraire des multinationales dont les équipes de
   développement sont souvent aux USA.
   3. La DPR 2009-2014 n'a quasiment pas donné de résultats (à l'exception
   de l'IMIO, de Fix My Street et de l'appel GreenTIC). Il faut donner
des *mesures
   plus concrètes*, et pas un catalogue de bonnes intentions.
   4. Une partie de *l'argent public injecté dans la R&D* des entreprises
   privées peut être reversée à la collectivité, non seulement par le biais
   d'emplois et de retombées fiscales (comme c'est le cas actuellement), mais
   aussi par des avancées utiles à la collectivité dans son ensemble grâce au
   développement de logiciels libres, à la publication de bases de données
   publiques, à la standardisation de formats...
   5. La *recherche reproductible* ("open-science") est un enjeu
   fondamental pour le futur de la science [1], car elle donne une base solide
   sur laquelle de nouveaux travaux de recherche peuvent innover. Nous,
   chercheurs, perdons un temps incroyable à réimplémenter des méthodes ou à
   re-récolter des données pour nous comparer aux autres équipes : cela a un
   coût gigantesque dans le budget de la recherche.
   6. Le logiciel libre possède un *aspect backbone (implémentation de
   référence)* qui est utile à tous les citoyens, à nos entreprises, et à
   nos administrations.
   7. Il faut non seulement promouvoir les logiciels libres existants
   (Linux Mint, LibreOffice, Firefox), mais aussi encourager le
   *développement* de nouveaux produits ou plugins.
   8. Il faut une prise de conscience de notre *dépendance technologique *face
   au lobby international du logiciel propriétaire (Apple, Microsoft, Google,
   Facebook...), tant en Belgique qu'en Europe. Il faut s'assurer que des
   organismes comme l'AWT, le CIRB ou la DGO6 sont totalement impartiaux et
   transparents sur leurs décisions et sur leurs stratégies.

Et voici quelques mesures concrètes, en vrac et à trier :

   - Modifier le *facteur d'impact scientifique* (DGO6 et FNRS) pour tenir
   compte des contributions libres des chercheurs (open-source et open-data).
   Actuellement, contribuer au libre est un paradoxalement handicap pour les
   chercheurs : les équipes y perdent une avance concurrentielle, ainsi que du
   temps à faire les choses proprement.
   - Créer un *appel à projets "open-science"* à la DGO6.
   - Créer des appels à *projets de développement libre à la DGO6 de taille
   moyenne visant essentiellement du manpower*. Actuellement, rien ne
   permet de subsidier des projets à hauteur de 200k€, sans besoins en
   matériel spécifique. Le Conseil Wallon de la Politique Scientifique, très
   critique, pointe d'ailleurs le même besoin pour les PME (document en
   annexe, page 5).
   - Les appels du type GreenTIC ne doivent pas seulement attribuer un
   effet de cliquet quand un seul logiciel libre est utilisé, mais bien quand
   *tous* les logiciels utilisés sont libres et que les développements
   réalisés sont open-source.
   - Il faut structurer en Wallonie/Bruxelles un organisme semblable
au *Conseil
   National du Logiciel Libre* en France [2] ou à l'April [3], qui
   prendrait conseil auprès d'experts. Et pourquoi pas un Ministre de
   l'Informatisation ?
   - Il faut réaliser une *brochure ou un site Internet* d'informations à
   destination du grand public pour recommander des alternatives libres et
   éviter le piratage (Windows/Linux Mint, Office/LibreOffice, Media
   Player/VLC...). Il faut communiquer sur le fait que le libre n'est ni geek,
   ni anticonformiste : au contraire, il s'agit d'une démarche citoyenne.
   - Il faut organiser la *formation continue de nos PME en IT *pour
   qu'elles soient conscientes qu'elles peuvent booster leur productivité et
   leur compétitivité en recourant au libre et au développement agile. Il faut
   aussi leur dire qu'elles peuvent proposer du service en open-source (e.g.
   installation de Linux Mint à la place de Windows XP).
   - Le cadre fiscal du *crowdfunding appliqué au logiciel libre* doit être
   explicité, clarifié et simplifié.
   - Offrir une *défiscalisation aux PME *pour le développement libre.
   - Créer un *prix du libre *aux mécènes, aux entreprises et aux
   contributeurs.
   - Constituer un *fonds financier du libre* pour répondre à des besoins
   ponctuels de développeurs open-source (pour acheter du matériel, des
   licences, des déplacements à l'étranger).
   - Au niveau de l'enseignement, afin de réduire la fracture numérique et
   d'éviter le piratage chez les étudiants, *obliger que les cours
   utilisent exclusivement des logiciels libres*. Par exemple, ne plus
   apprendre la bureautique sur Microsoft Office, mais imposer que LibreOffice
   soit utilisé en classe. Cela ne veut pas dire que l'école doit changer ses
   systèmes informatiques : je parle juste des cours donnés aux étudiants.
   - Les sites de toutes nos administrations doivent *bannir les formats
   .DOC et .DOCX* (format propriétaire de Microsoft, qui n'est pas spécifié
   mais juste reverse-engineeré), quand ils communiquent avec les citoyens. Il
   faut *imposer le .PDF ou le .ODT* (ce dernier uniquement s'il faut
   remplir un formulaire). De nouveau, ils peuvent utiliser des outils
   propriétaires en interne, mais quand un document sort de l'administration,
   il doit être dans un format libre et documenté.
   - Nos administrations doivent se mettre en relation avec la plateforme
   européenne *JoinUp* [4].
   - Les *business models open-source* doivent être enseignés dans les
   écoles d'économie et d'informatique (du type HEC) [5], et explicitement
   promus dans les programmes subsidiés par le public (du type Créative
   Wallonia).
   - Il faut *ouvrir les marchés publics aux PME* en communiquant
   clairement sur les besoins des administrations. Actuellement, seules des
   grosses entreprises privées du type Microsoft peuvent répondre à ces appels.
   - On peut rêver, mais il faudrait imposer une saine concurrence dans le
   marché des PC : tout PC vendu doit venir avec Windows *ET* avec Linux.
   L'utilisateur doit pouvoir basculer de l'un à l'autre à tout moment.
   - Le *Réseau Santé Wallon*, point-clé du plan Horizon 2020, doit être
   plus transparent sur les technologies utilisées, passer au standard
   IHE/HL7, et recourir à des formats ouverts.
   - Adapter Fix My Street (logiciel open-source développé par le CIRB) à
   la Wallonie.
   - Régler le problème des signatures de PDF (par exemple pour la TVA),
   qu'il est impossible de réaliser sous Linux (ni, semble-t-il, sous OS X).

J'espère que ces idées seront utiles :) Je reste à votre entière
disposition pour éclaircir certains points au besoin...

À bientôt,
Sébastien-


[1] http://en.wikipedia.org/wiki/Reproducibility#Reproducible_research
[2] http://www.cnll.fr/
[3] https://www.april.org/
[4] https://joinup.ec.europa.eu/
[5] http://en.wikipedia.org/wiki/Business_models_for_open-source_software


-- 
Sébastien Jodogne
Mail: s.jodogne at gmail.com
Web: http://www.sjodogne.be/
Twitter: https://twitter.com/sjodogne
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