[Linux-bruxelles] Achat d'un PC sans les licences OEM, mail à Test-Achat, pour info
Pierre van Male
vmalep at tiscali.be
Mer 3 Mar 18:18:02 CET 2004
Pour info, voici un mail que j'ai envoyé à Test-Achat le 23 février 2004
et dont j'attends encore la réponse.
-------- Message original --------
Sujet: Un débat à creuser
Date: Mon, 23 Feb 2004 13:04:22 +0000
De: Pierre van Male <vmalep at tiscali.be>
Pour: membres at test-achats.be
Bonjour,
Il y a environ deux ans, je vous avais écrit pour vous demander votre
avis sur la question des licences OEM, c'est-à-dire des licences
softwares vendues avec du matériel hardware en informatique (typiquement
lors de l'achat d'un nouvel ordinateur). Le coût de ces licences pour un
PC est évalué à 25% du prix total de la vente. En France, cette pratique
est considérée comme de la vente liée (cfr. p.ex.
http://www.local.attac.org/attac06/article.php3?id_article=60) et le
consommateur est en droit de refuser les logiciels.
Vous m'aviez répondu à l'époque que de votre point de vue, il n'y avait
rien d'irrégulier à cela et qu'il n'y avait pas matière à débat. Déçu
par une attitude si peu en phase avec votre vocation de défense des
consommateurs, je m'étais désinscrit de Test Achats. Je me suis
finalement refais membre récemment car de manière générale, j'apprécie
le travail que vous faite. Et avec le recul de deux ans, je me permets
de vous relancer dans ce débat entre logiciels propriétaires et
logiciels libres. La question est plus que jamais d'actualité et la
position à adopter me semble encore plus évidente qu'il y a deux ans,
maintenant que les logiciels libres ont sensiblement évolué et
présentent de nombreux avantages sur les logiciels propriétaires.
Tout d'abord, la réponse à la question de savoir si les licences OEM
constituent ou non une vente liée me semble assez évidente si l'on
considère le fait que le client, à l'achat d'un ordinateur neuf, se
retrouve avec des licences émises par l'éditeur du logiciel et non pas
par le fabriquant de l'ordinateur. Dire que le matériel et le logiciel
ne forment qu'un seul produit, comme on ne vendrait pas une voiture sans
son moteur, ne tient pas la route: il y a légalement deux produits
puisque le client, en matière de licence, doit rendre des comptes à
l'éditeur du logiciel, et non au fabriquant du matériel. De plus, avec
les voitures, on a généralement le choix du moteur...
Il est indéniable que la pratique des licences OEM a sensiblement
contribué au quasi monople de Microsoft sur le marché des PCs et je ne
comprends pas que Test Achats ne prenne pas une position plus clair dans
ce débat.
Bien sûr, le débat porte sur des aspects technologiques qui échappent
souvent aux utilisateurs courants et GNU-Linux a longtemps souffert
d'une réputation le présentant comme un système réservé aux
bidouilleurs. C'était vrai il y a encore quelques temps, mais on peut
dire aujourd'hui qu'il existe assez de distributions accessibles à tout
le monde et aussi faciles (si pas plus) à administrer que Windows
(telles que Mandrake, SuSE ou Fedora). À mes yeux, les seuls reproches
que l'on peut encore adresser au système Linux est sont incompatibilité
avec certains matériels et avec la suite bureautique de Microsoft.
Mais tout d'abord, ce reproche est à nuancer: si l'on trouve encore du
matériel incompatible, c'est de plus en plus rare et l'inverse s'est
déjà produit également (j'ai moins de difficulté à utiliser mon scanner,
un Snapscan e-20 d'Agfa, avec Linux qu'avec Windows). En matière de
bureautique, la suite OpenOffice.org ne pose plus de problème de
compatibilité au niveau du contenu, mais seulement au niveau de la mise
en page et de manièr très limitée (elle est estimée compatible à 99%).
Ensuite, est-ce vraiment à Linux qu'il faut adresser ces reproches? Les
problèmes de compatiblités sont dû exclusivement au refus des
fabriquants de communiquer les informations nécessaires pour utiliser
leurs matériels et il est au contraire remarquable de constater dans
quelle mesure les développeurs de Linux parviennent tout de même à
utiliser ce matériel, preuve que l'informatique libre se porte bien. Il
me paraît évident que si Linux se répend sur le marché des particuliers,
les fabriquant feront le pas nécessaire pour rendre leur matériel
compatible (comme le fait HP p.ex.).
Pour ce qui est de la compatibilité avec la suite office de Microsoft,
celui-ci fait tout pour rendre son format de fichier incompatible. De
plus, ce format est à l'image du système Windows: peu efficace et mal
conçu (p.ex. le mot de passe pour l'écriture est écrit en clair à la fin
du fichier, le contenu du fichier est mélangé avec les données relatives
à la mise en page, etc.). OpenOffice.org propose un format de fichier
ouvert bien plus cohérent (il s'agit en réalité de fichier xml
compressés) et accessible à qui le veut.
D'autres avantages sont à signaler: Linux est plus robuste, ne plante
pratiquement pas et ne craint pas les virus. Il offre de nombreuses
fonctionnalités inimaginables dans le monde Windows: il est
multi-utilisateur (en simultané, ce qui veut dire qu'il n'est pas
nécessaire de se délogguer pour passer en mode admin); on peut s'y
connecter à distance (d'où facilité d'administration); l'utilisateur à
le choix de son interface graphique (p.ex. KDE qui est plus évolué que
ce que propose Windows ou WindowMaker qui demande bien moins de
ressource); le système est multi-langue (au choix de l'utilisateur lors
du login).
Comme vous pouvez le constater, on est loin d'un système barbare et
réservé aux experts. Bien souvent on entend que Linux n'est qu'un MS-Dos
amélioré. Il en n'est rien et si l'on voit souvent les administrateurs
Linux travailler en mode texte, c'est simplement parce que c'est plus
rapide et plus facile que de cliquer sur 36 boutons. Ceci dit, qui peut
le plus peut le moins et toutes les tâches administratives courantes
sont possibles via des interfaces graphiques qui exécuteront les
commandes pour vous, voire via une interface web, y compris à distance
si nécessaire (Webmin), ce qui de nouveau est inconcevable avec Windows.
C'est remarquable la difficulté qu'ont les gens à comprendre que
l'informatique libre, non seulement est viable économiquement, mais est
même bien plus adapté au marché des logiciels. L'informatique
propriétaire se fonde sur une conception erronée du logiciel, vu comme
un tout indépendant. Les logiciels ne sont que des modules que l'on peut
modifier et assembler ensemble. L'informatique propriétaire s'évertue à
saucissoner ces logiciels, à grands frais d'incompatibilité et de perte
de performance. Ils passent leur temps à ré-inventer la roue en essayant
s'en approprier la paternité (Xerox avait développé une interface
graphique bien avant Microsoft).
Le développement libre est plus cohérent: on bénéficie des
développements précédents et on publie ses propres sources. Résultat: le
développement ne coûte plus très cher: globalement, tout le monde s'y
retrouve et on développe beaucoup plus vite et mieux en travaillant
ensemble que de manière cloisonnée. La rentabilité se fait dès lors sur
le service qui constitue d'ailleurs l'essentiel de l'activité
informatique (former les utilisateurs, configurer le système, en assurer
la maintenance, etc.). Tout cela bien sûr au bénéfice des utilisateurs.
Il y a également un élément politique non négligeable: les utilisateurs
sont dépendants des éditeurs propirétaires. Les fichiers sont dans des
formats fermés nécessitant le logiciel payant pour être manipulés et si
l'éditeur fait faillite... C'est également l'éditeur qui décide de
l'évolution de son produit et l'utilisateur ne sait jamais très bien ce
qui se passe avec ces logiciels (cfr. les mouchards implémentés dans le
navigateur de Microsoft). Enfin, pensons au projet Palladium de
Microsoft qui aimerait avoir un contrôle totale sur les PCs. Si on prend
OpenOffice.org en comparaison, l'évolution du produit est directement
inspirée du choix des utilisateurs.
Que conclure de tout cela? Je ne suis pas pour une imposition des
logiciels libres, mais pour que le meilleur gagne. Or, pour cela, il
faut que les éditeurs propriétaires respectent le jeux de la
concurrence. Et un élément essentiel est de laisser le choix aux
utilisateurs lors de l'achat: un PC à 1000 euros avec Windows et les
derniers gadgets mutlimédia ou un PC à 750 euros avec un système Linux
et la tranquilité du côté sécurité et stabilité? L'administration
pouvant être faite à distance, vous verrez très rapidement des offres de
contrat de maintenance et d'assistance pour Linux apparaître sur le
marché (cela existe déjà dans le secteur professionnel).
Votre rôle, en tant qu'association défendant l'intérêt des
consommateurs, n'est certainement pas de faire le jeux des éditeurs
propriétaire par la politique de l'autruche et en refusant le débat.
Même si cela n'écessite un investissement en temps, il me semble qu'il
est de votre devoir de vous informer de manière impartiale sur ce qu'il
en est (il existe bien assez d'association d'utilisateurs de logiciels
libres pour vous y aider). Et pourquoi ne pas essayer vous-même?
Téléchargez une Mandrake p.ex. et installer la sur un PC pour vous faire
une opinion.
Je vous remercie pour l'attention que vous aurez accordé à ce message et
si vous pouviez me faire part de votre réaction, je vous en serais très
reconnaissant.
Cordialement,
Pierre van Male
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