[Linux-bruxelles] Logiciels libres: forcer le destin?

Yves Mairesse ymairesse at isnd.be
Jeu 13 Mai 20:46:55 CEST 2010


Attention, c'est long...

Le 12/05/10 18:50, Serge SMEESTERS a écrit :
> Logiciels libres: forcer le destin ?
>
>    
>> Merci de m'indiquer s'il est approprié de poursuivre en public.
>>      
> Pour moi, 'y a pas de problème pour poursuivre en public.
>
> C'est exactement le sujet de l'asbl !
>
> Comment faire la promotion de GNU/Linux et autres logiciels libres ?
>
> Mon avis, c'est qu'il faut d'abord les apprécier soi-même, pour ce
> qu'il sont : libres !
> Alors, il faut les utiliser, les étudier, participer à leur évolution
> et les redistribuer :)
>
> Nous devons pouvoir en parler et partager nos idées.
>
>http://www.bxlug.be/manifestegnu
>
> Ensuite, il faut s'abstenir de juger.
>
> Quelqu'un peut très bien être d'accord mais ne pas être capable de
> changer ses habitudes.
>
> Nous pouvons encore aider ceux-là. Mais il faut faire attention à ne
> pas tomber dans l'assistanat et/ou se faire vampiriser. Ce genre de
> situations n'ont rien de propre aux logiciels libres. Il faut
> apprendre à les déceler... C'est une spirale malheureuse...
>
> Mais en gros, je pense pas qu'on y arrivera dans un monde où les
> valeurs se perdent à ce point :(
>
> Mais bon, on va voir si c'est viable encore longtemps...
> Et je m'arrête là car on a promis de ne pas parler de politique...
>
> Et en plus on est même pas vendredi :)
>
>
> À+,
> Serge S.
>
>    
Bonjour
Je pense qu'il faut distinguer deux choses:
1. moi en tant que personne et utilisateur de l'informatique
2. le responsable de la coordination des moyens informatiques dans mon école

Oui Serge, c'est donc bien ma fonction, et dans l'école où tu m'as fait 
le plaisir d'une petite visite il y a quelques temps déjà lors d'une 
soirée autour d'un serveur LTSP (soirée qui figure dans les annales du 
BxLug).

Remarque générale: je n'ai aucun accès direct aux budgets: je ne puis 
que faire des propositions qui sont acceptées ou refusées après 
discussion avec la direction financière et la direction pédagogique.
Je suis très radin et mes propositions sont souvent acceptées. :o)
Contrairement à ce que l'on pourrait éventuellement penser, je ne suis 
vraiment soumis à aucune pression de la part des grands fournisseurs 
bien connus. Ce que j'ai connu de mieux est une invitation à un cocktail 
dinatoire organisé par une marque de pommes. Que j'ai récusée.

1. Sur le plan personnel, je suis utilisateur fervent de logiciels 
libres pour diverses raisons. Il est bien évident que, sauf dédoublement 
de la personnalité, il n'est pas possible que cette façon de travailler 
n'influe pas sur ma fonction. Mais elle ne doit pas la dominer.

2. Sur le plan professionnel, en charge du matériel informatique de 
l'école, j'essaie de trouver les meilleures solutions pour:
  a) le meilleur enseignement (je passe quand même encore au moins 8h en 
classe chaque semaine)
     C'est sans doute ici que ma sensibilité "libriste" peut, à juste 
titre, s'exprimer le mieux. Encouragé par le BxLug, à l'époque, j'ai 
fait passer tout le matériel informatique à disposition des élèves sous 
Linux.
     Difficile d'imaginer de laisser 50 PC sous Windows en libre service 
sans assurer une maintenance serrée (mises à jour de Windows et de 
l'antivirus). Je l'ai appris à mes dépens en passant 8 jours de mes 
congés à chasser un ver sur le réseau. Depuis Linux, il y a 4 ans, plus 
aucune alerte.
     Là, je suis clairement en désaccord avec Serge qui écrit
> Mais je trouve exagéré d'aller
> prétendre que la maintient de systèmes Windows et Microsoft Office est
> tellement lourd que la meilleur solution est d'installer Ubuntu avec
> OpenOffice.org:)  
     mais il évoque sans doute un autre cadre que celui de l'école, car
> Le responsable informatique peut très bien signaler que la charge de
> travail lui est trop importante. Mais de là a ne proposer qu'une telle
> transition, lourde de conséquences pour les utilisateurs et pour
> lui-même (obligé à faire des heures supplémentaires, etc.), c'est
> comparable à une prise d'otage suicidaire.
>    
     le "responsable informatique" est plutôt choisi parmi les bonnes 
poires, incapables de dire "non", et qui a deux ou trois connaissances 
sur la façon de démonter un PC et de le rendre à la vie après une panne 
d'alimentation.
Mais je suis preneur de tout conseil pour le point suivant:
> Par contre, avec un peu de pédagogie, il est possible de sensibiliser
> une majorité des collègues de l'intérêt des logiciels libres en tant
> que tels. Alors, lorsque des choix sont a faire en la matière, ils
> pourront être favorables aux logiciels libres. Une majorité sera
> impliquée dans ce choix. Et le responsable informatique sera soutenu
> par ses collègues.
>    
     A ce jour, sans rien imposer (Windows et Office sont disponibles 
sur presque toutes les stations "profs"), je suis à 3% de collègues avec 
moi, 85% qui ne savent pas trop de quoi il retourne et les autres qui 
font de la résistance.
> Yves, ne te mets pas en position de conflit avec tes collègues. Ça
> n'en vaut pas la peine. La cause des logiciels libres ne l'exige pas.
> Continue de partager tes connaissances, tes valeurs et ta passion.
> Écoute également tes collègues et cherche à voir comment vous mettre
> d'accord...
>    
Oh, il n'y a pas de conflit. Je suis trop important pour qu'ils puissent 
se permettre un conflit ;o)
Qui maintient les systèmes en état de marche?
Mais j'ai parfois l'impression que l'on m'écoute poliment. Tous mes 
arguments distillés à gauche et à droite sont jugés excellents.
Puis ils rebootent le PC pour retrouver Win2k.
C'est dur, parfois...

     Arguments moins pragmatiques aussi: tous les logiciels utilisés aux 
cours sont libres et peuvent être distribués aux élèves. Techniquement, 
aucune limitation. De plus, les valeurs portées par le logiciel libre 
sont hautement compatibles avec celles que je veux faire passer dans mon 
enseignement.

  b) la meilleure efficacité pour les utilisateurs de l'informatique, 
collègues et membres de l'administration de l'établissement.
     Parmi les premières interventions des logiciels libres dans 
l'établissement, les serveurs NT4 (à l'époque) remplacés par des 
serveurs Linux. Pour des raisons de sécurité aussi. Aucune défaillance 
grave n'a été constatée depuis de très longues années sur ces machines. 
Et le service que l'on attend est parfaitement rendu.
     Pour les stations de travail, le problème est moins simple.

      - L'école met à la disposition du personnel enseignant un certain 
nombre de PC en libre service. A nouveau, pour des raisons de sécurité, 
il me semble intéressant que ce matériel utilise un système 
d'exploitation peu sensible aux pestes classiques. Des clefs USB 
circulent et peuvent déposer tout et n'importe quoi sur le réseau.
     Historiquement, ces PC utilisaient Win2k. Le support Microsoft pour 
cet OS s'arrête en juin prochain. Deux possibilités:
     1. Acheter du nouveau matériel avec un OS récent (XP à 150€/licence 
-qui pourrait fonctionner sur ces machines- n'est plus dans le 
commerce). Mais il s'agit d'un très gros budget.
     2. Imposer un OS Linux. Avec des risques de levées de bouclier 
parce que MSO (Word essentiellement) n'est plus disponible. Et les 
collègues doivent pouvoir continuer à travailler.
La rentrée de septembre prochain se passera sous Linux, mais je serai 
sans doute poussé dans le dos pour proposer un budget pour le 
remplacement de ce matériel et le retour à Windows.
Tout cela malgré les exhortations à la résistance de trois collègues que 
j'ai "convertis" :o) et qui se montrent maintenant plus acharnés 
libristes que moi.

     - Pour les stations de travail de l'administration, c'est plus 
simple. Windows est obligatoire pour des raisons de logiciels 
propriétaires obligatoires (gestion administrative de l'école, 
comptabilité).
     Le matériel administratif, anciennement sous Win2k aussi, a été 
remplacé par des stations sous Win7 (seul "choix" possible).
     Quant à la suite bureautique, j'ai proposé de passer de MSO 2000 à 
Ooo, sauf pour la comptabilité qui doit parfois traiter des fichiers Xls 
contenant des macros. L'idée était aussi de ne pas dépayser certains 
utilisateurs par une interface très différente de celle de MSO2k.
J'ai pu organiser une formation à l'essentiel de Ooo Writer et demandé 
quelles autres formations seraient nécessaires. Une date avait été prise 
pour évoquer les fonctions essentielles de Ooo Calc.
Apparemment trop tard puisque les utilisateurs les plus intensifs de la 
bureautique ont exigé (voir les épisodes précédents) un retour à MSO. 
Mais la recherche de l'efficacité au travail ne permettait pas 
d'attendre les dates fixées et de passer quelques heures en formation.

Je n'ignore pas que je ressemble un peu à un électron libre parmi mes 
collègues d'autres établissements et qui exercent les mêmes fonctions. 
Pas toujours pour qu'ils tendent une oreille à mon discours atypique, 
mais parfois simplement pour qu'ils prennent simplement conscience du 
fait qu'ils sont clairement sous l'influence de quelques majors de 
l'informatique.
N'est-ce pas Nicolas (si tu m'a lu jusqu'ici)?

J'ai bien lu attentivement tout ce que les différents intervenants ont 
indiqué. Si certains arguments m'ont vraiment convaincu, qu'ils 
m'excusent de ne pas les citer: j'ai déjà été beaucoup trop long.

Yves
ccbysa





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