[Linux-bruxelles] Campagne Pécéphobie : Questions parlementaires
denis
denlistes at altern.org
Ven 20 Jan 20:26:03 CET 2006
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De: GENOT Zoe <zoe.genot at ecolo.be>
Informer sur la protection de son ordinateur, oui ! Mais attention à ne
pas faire payer à 50% l'Etat en appuyant certains choix commerciaux et
technologiques ! Pas de réponse très convainquante. Outre la dérive
commerciale, la dérive sexiste !
Chambre des Représentants – Commission de l’Intérieur
Réunion du 17 janvier 2006 – Compte rendu intégral (CRIV 51 – COM 815)
02 Question de Mme Zoé Genot au ministre de l'Emploi sur "la campagne
pécéphobie et ses dérives commerciales" (n° 9230)
02.01 Zoé Genot (ECOLO): Monsieur le ministre, après les dérives
sexistes, on passe maintenant aux dérives commerciales de la campagne
"pécéphobie" qui sont à mes yeux tout aussi inquiétantes. Le ministre a
décidé de lancer une campagne destinée à encourager les citoyens à
utiliser davantage internet, à mieux comprendre son usage et comment
protéger au mieux leur ordinateur, ce qui m'apparaît un excellent
objectif. Ce qui me pose un problème, c'est son exécution.
Outre l'aspect sexiste de la campagne, une confusion est ici savamment
entretenue entre bonnes pratiques et pratiques commerciales. J'aurais
voulu savoir combien a coûté cette campagne, quelle part en est assumée
par l'État et quels sont les acteurs qui l'ont réalisée, puisque les
sponsors sont très présents? Pourquoi avez-vous décidé de vous associer
à des acteurs privés dans cette campagne? Ne craignez-vous pas que
l'impartialité de cette campagne n'en pâtisse? Quelle est l'implication
de ces sponsors sur le contenu? Y ont-ils été associés? Quel est le
montant de leur contribution? Quels sont les critères de sélection des
dealers renseignés? Ne trouvez-vous pas étonnant qu'un ministre
conseille un magasin? Les conseils dispensés dans l'opération poussent
clairement vers des solutions commerciales et stigmatisent les outils
non commerciaux, assimilant par exemple le téléchargement de logiciels
gratuits à une conduite à risques. Or on connaît de nombreuses
personnes, y compris des informaticiens, qui travaillent avec des
logiciels gratuits téléchargés. On évoque également le téléchargement
de musique comme quelque chose de dangereux et de punissable. Si je
décide de mettre ma musique en accès libre sur internet, ce n'est ni
dangereux ni punissable. Une série de distinctions nécessaires ne sont
pas opérées par le site. Pourquoi ces amalgames qui stigmatisent les
logiciels gratuits en portant donc atteinte aux logiciels libres?
Pourquoi décourager le partage et diaboliser le téléchargement? Les
conseillers sont-ils formés pour répondre aux questions des
utilisateurs de logiciels Mac ou libres? Les conseillers
renseignent-ils des logiciels gratuits de protection? Ce n'est pas le
cas sur le site. Pourquoi n'est-il fait mention nulle part sur le site
de la faiblesse de certains logiciels propriétaires dont ceux qui
détiennent le quasi-monopole du marché et qui se sont ménagé de petites
portes arrière, véritables entonnoirs à virus?
Depuis le lancement de la campagne, on a procédé à une amélioration
puisque le site est maintenant accessible en version texte pour les
internautes malvoyants et ceux ne disposant pas de Flash player.
Pourquoi ne pas l'avoir fait dès le début en respectant les
recommandations W3C? On apprécie l'amélioration.
02.02 Peter Vanvelthoven, ministre: Monsieur le président, madame
Genot, la campagne Pécéphobie a coûté 1 million d'euros. La moitié de
ce montant a été apportée par les partenaires privés et l'autre moitié
par Fedict. La liste de tous les partenaires - quelques dizaines
d'entreprises du secteur ICT, avec leur fédération AGORIA ainsi que le
VDAB, Banksys et quelques institutions financières - se trouve sur le
site web "Pécéphobie". Je tiens à souligner que différents
établissements scolaires ont aussi contribué au succès de la
campagne.
Bien que les autorités fédérales considèrent la sécurité de
l'information et la sécurité d'emploi des ordinateurs et des réseaux
comme une tâche d'intérêt général et qu'elles estiment, par
conséquent, de leur devoir de sensibiliser au maximum la population à
cette problématique, il ne faut pas perdre de vue qu'un rôle important,
pour ne pas dire fondamental, est dévolu aux entreprises et aux
prestataires de services du secteur ICT ainsi qu'aux écoles supérieures
enseignant l'informatique. Le secteur ICT et d'autres acteurs du privé
reconnaissent d'ailleurs explicitement qu'ils ont une grande
responsabilité dans cette mission de sensibilisation. Ils se sont
montrés prêts à l'assumer pour mener à bien cette mission. AGORIA a
assumé la direction effective de la gestion du projet ainsi que la
responsabilité de la coordination et de la bonne exécution sur le
terrain, y compris la mobilisation, l'organisation et la coordination
de l'apport des partenaires privés qui ont collaboré à la campagne.
AGORIA s'est chargé de la sélection des partenaires et des conventions
juridiques contractuelles y afférentes et a rempli cette tâche de
manière objective et non discriminatoire. Les services qui ont été
fournis par les réparateurs et les vendeurs de matériel informatique
sont des services directs d'un réparateur/vendeur au citoyen et non pas
aux autorités. Il n'est donc pas question de relation contractuelle
entre les autorités et le prestataire de services.
En ce qui concerne le contenu de la campagne, les partenaires privés
ont rempli, d'une part, une fonction consultative et, d'autre part, une
fonction exécutive. D'une part, ils ont donné, sur la base de leur
expertise relative à la sécurité des ordinateurs et de l'internet, un
input précieux à AGORIA et au cabinet de l'Informatisation afin de
donner du contenu à la campagne. Concrètement, ils ont donné leur avis
sur les sept conseils de sécurité qui sont repris dans le livret
"Comment j'ai vaincu ma pécéphobie" et sur le site web "Pécéphobie".
D'autre part, ce sont eux qui se sont chargés du développement de
quelques modules sur le site web. Je tiens cependant à insister sur le
fait qu'ils n'ont eu aucune compétence décisionnelle pour déterminer
le contenu de la campagne. Seul, le cabinet de l'Informatisation a eu
cette compétence.
En ce qui concerne la sélection des dealers, je me réfère à ce que j'ai
dit: Agoria a assumé la direction effective de la gestion du projet.
Je tiens à ajouter une considération fondamentale: dans le prolongement
de la campagne pécéphobie, nous espérons rapprocher les utilisateurs
de pc et les réparateurs de pc. Nous ne nous attendons pas à ce que
tous les Belges deviennent soudainement, grâce à la campagne
pécéphobie, des spécialistes en informatique et qu'ils résolvent
eux-mêmes tous les problèmes relatifs à la sécurité des ordinateurs et
de l'internet. Il est donc important que les utilisateurs de pc et les
réparateurs de pc puissent facilement se contacter. De la même manière
qu'on dit "mon garagiste" et "mon médecin", nous espérons pouvoir dire
à l'avenir "mon spécialiste pc".
Notre intention n'est certainement pas de faire l'amalgame entre
logiciels illégaux et logiciels libres légaux. Nous estimons que nous
n'avons commis aucune faute à ce sujet. Indépendamment de cela, nous
estimons qu'il est extrêmement important d'avertir les gens des
dangers réels liés à l'utilisation de logiciels gratuits illégaux. Tant
les utilisateurs expérimentés qu'inexpérimentés n'ont pas suffisamment
conscience que ces logiciels illégaux sont de grands porteurs de virus
informatiques. Les "Responsible Young Security Agents" (RYSA), qui ont
posé un diagnostic chez les gens à domicile concernant leurs problèmes
de sécurisation informatique, ainsi que les bénévoles du call center
que les gens ont pu joindre pour poser des questions sur la sécurité
des ordinateurs et de l'internet, ont reçu une formation pour remplir
leur tâche le mieux possible. Il va de soi qu'il a aussi été prévu de
fournir une assistance aux utilisateurs de logiciels Mac et de
logiciels libres. Pour autant que nous le sachions, personne n'a donc
été exclu. Par ailleurs, pendant la formation, il a été formellement
précisé aux RYSA et aux collaborateurs du call center qu'ils n'exercent
pas de "fonction commerciale". Autrement dit, ils ne peuvent pas
proposer des producteurs spécifiques de logiciels de sécurisation ou
des produits apparentés.
Nous ne voulons pas nous prononcer sur les avantages et les
inconvénients de l'un ou de l'autre logiciel. L'inventaire de ces
inconvénients éventuels est irréalisable et ne fait de toute façon pas
partie de l'étendue de la campagne pécéphobie, qui ne peut avoir
l'ambition d'être l'ultime étude sur la sécurisation informatique. A
ce propos, je tiens également à souligner l'importance du message
positif de cette campagne de sensibilisation. Nous voulons attirer
l'attention des gens sur les dangers liés à l'informatique et à
internet. Notre objectif n'est toutefois pas de les effrayer mais de
leur donner un point de repère. Il est indéniable qu'il est préférable
pour un utilisateur de PC de posséder un logiciel de sécurisation.
L'absence d'une version "blindsurfer" du site web et d'une version pour
les utilisateurs ne disposant pas de "flash player" le jour du
lancement de la campagne est un manquement que nous reconnaissons et
pour lequel nous ne pouvons invoquer comme excuse que le retard imprévu
lors du développement de ce site. Les versions "blindsurfer" et "sans
flash" du site web n'étaient pas encore tout à fait achevées le premier
jour de la campagne. La réservation d'espaces de communication et les
accords avec près de 200 bénévoles ont rendu particulièrement difficile
le report de quelques jours du lancement de la campagne. Ceci explique
pourquoi les versions "blindsurfer" et "sans flash" du site web ont été
lancées avec quelques jours de retard.
02.03 Zoé Genot (ECOLO): Je ne suis pas du tout étonnée d'apprendre que
la campagne était financée à 50% par le secteur privé. En effet, tous
les observateurs du marché de l'informatique affirment que le plus
grand marché potentiel – maintenant que la majorité des gens est
équipée – est celui de la sécurisation et du service en cas de panne
causée par ces multiples virus et autres. Je comprends donc l'intérêt
que le privé a dans ce type de campagne. Néanmoins je regrette que,
dans le choix des partenaires comme dans les conseils dispensés sur le
site, on fasse aussi peu allusion à l'existence de solutions non
commerciales pouvant répondre à toute une série de difficultés et
dangers présents sur le net. C'est regrettable car si un acteur pouvait
se le permettre, c'était l'Etat. Il est évident que les grosses
sociétés ne vont pas conseiller des solutions gratuites à leurs
clients.
Objet : Pécéphobie : le Ministre très fier de sa publicité sexiste ! -
Question parlementaire
De l'humour, oui ! Mais pourquoi toujours le vieux cliché "Même une
femme débile peut comprendre"... Et surtout pas de nouvelles initiatives
du Ministre pour encourager les femmes à devenir multimedia !
Voici, pour votre information, la question que j'ai posée hier en
commission de la Chambre au Ministre Vanvelthoven, et la réponse de
celui-ci :
Chambre des Représentants – Commission de l’Intérieur
Réunion du 17 janvier 2006 – Compte rendu intégral (CRIV 51 – COM 815)
01 Question de Mme Zoé Genot au ministre de l'Emploi sur "la publicité
gouvernementale sexiste 'pécéphobie'" (n° 9229)
01.01 Zoé Genot (ECOLO): Monsieur le président, on a pu assister à un
exemple très peu subtil à mon sens de publicité sexiste: il s'agissait
de la campagne de publicité gouvernementale en faveur de la sécurité
informatique. Elle a été lancée fin octobre 2005 sous l'impulsion et la
responsabilité du gouvernement qui d'ailleurs héberge cette campagne sur
son site officiel. On y voit une femme, Ginette, en robe de vichy rose
et petit tablier blanc, nous montrant sa cuisine modèle, son four, son
lave-vaisselle, sa machine à laver et son film, où elle se présente en
caricature vivante du stéréotype de femme hystérique, inculte et sans
cervelle, prise de panique à la seule vue d'un ordinateur portable. Elle
en laisse tomber son plateau, attaque l'appareil au fly-tox et au balai
avant de l'enfermer dans son four pour l'empêcher de nuire à sa petite
famille. L'action s'est prolongée en public: on a pu voir Ginette dans
une vitrine en véritable femme-objet dans une reproduction de "sa"
cuisine modèle, en pleine rue Neuve à Bruxelles. La même campagne s'est
également étalée sur nos écrans de télévision. Certains trouveront que
c'est très drôle mais c'est un procédé récurrent des publicitaires
commerciaux, consistant à dire que leur produit est tellement simple que
même une femme débile est capable de l'utiliser. C'est un procédé
classique. Si vous observez les publicités depuis quinze ou vingt ans,
vous constaterez que c'est une pratique constante. Ce n'est pas une très
bonne idée que l'État lui-même s'y mette.
Je voulais savoir si vous aviez pris des dispositions pour arrêter cette
campagne et sinon pourquoi? Quels critères avez-vous utilisés pour
avaliser cette publicité? Que pense le ministre de l’Égalité des chances
de cette campagne? Il y a quelques années, on a constaté que les sites
de l'État n'avaient pas été pensés en fonction du genre. On avait
commencé à réfléchir en termes de genre par rapport à l'accès à
l'informatique notamment. Par conséquent, la moindre des choses pour
nous montrer votre bonne volonté en ce domaine serait de relancer cette
réflexion sur la meilleure manière d'encourager les femmes à travailler
dans le secteur de l'informatique et de leur renvoyer une image
valorisante d'elles-mêmes dans ce domaine en montrant leurs capacités.
01.02 Peter Vanvelthoven, ministre: Monsieur le président, chère
collègue, la campagne pécéphobie a, comme prévu, pris fin le 12
novembre. Le site web pécéphobie restera encore quelque temps en ligne
pour permettre aux utilisateurs d'ordinateurs de s'informer au sujet de
la sécurité des ordinateurs et d'internet mais plus aucune action ne
sera entreprise dans le cadre de cette campagne. Cela étant dit, si je
n'avais pas soutenu complètement le fond et la forme de la campagne
pécéphobie, je n'aurais pas autorisé son lancement.
Lors de l'élaboration de la présentation du fond et de la forme du spot
télévisé et des encarts publicitaires dans les journaux, périodiques et
médias en ligne, nous avons tout d'abord essayé de traduire une matière
complexe et relativement abstraite, celle de la sécurisation du pc et
d'internet, en messages clairs, reconnaissables et positifs.
Nous voulons attirer l'attention des gens sur les dangers liés à
l'informatique et à internet mais notre objectif n'est toutefois pas de
les effrayer. A vrai dire, ce n'est pas nécessaire, car pour utiliser un
ordinateur et internet en toute sécurité, il suffit de respecter
quelques règles et conseils simples. En choisissant un ton ludique et en
présentant des situations proches de la farce, nous évitons que notre
message soit perçu comme un désastre. Nous n'avons reçu ni plainte ni
réserve du ministre de l'Egalité des chances.
En choisissant "Ginette" comme figure de la campagne pécéphobie, nous
étions conscients de la possibilité que tout le monde ne reconnaisse pas
le caractère humoristique et satirique de la campagne mais nous étions
entièrement confiants dans le fait qu'une grande majorité de la
population en soit convaincue. Une mesure d'impact effectuée auprès de
1.000 utilisateurs de pc dans tout le pays la semaine suivant la fin de
la campagne confirme que le ton de la campagne était le bon. Les
résultats de cette mesure d'impact révèlent en effet que les réactions
face au ton et au contenu de la campagne sont essentiellement positives.
Un peu plus de 60% des personnes interrogées trouvent que les publicités
dans les journaux et le spot télévisé sont "marrants" et plus de 70% les
trouvent "originaux". Environ la moitié des personnes interrogées les
décrivent comme étant informatives et claires. Seul un cinquième des
personnes les a ressenties comme dérangeantes. Pour le site web
"Pécéphobie", les indices de satisfaction sont encore plus élevés.
Nous estimons donc pouvoir conclure que la campagne a bien fonctionné
tant en ce qui concerne la forme marrante et originale que le fond
informatif et clair. Les autorités et les organisations soutenues par
les autorités prennent presque continuellement des initiatives pour
accroître le nombre de femmes travaillant dans le secteur ICT. ADA, par
exemple, est un partenariat entre quatre organisations qui s'occupent
activement de la formation informatique des femmes et qui sont soutenues
par le ministère fédéral Emploi et Travail et par le Fonds social
européen. Les différents acteurs du secteur – les entreprises, les
organismes d'orientation, les écoles et les centres de formation – sont
impliqués. Les activités et initiatives d'organisation comme ADA
indiquent que les femmes sont encore sous-représentées dans le secteur
ICT.
01.03 Zoé Genot (ECOLO): Monsieur le ministre, je constate que, dans
votre mesure de l'impact de la campagne, vous n'avez pas osé demander si
l'impact était différent entre les auditeurs féminins et masculins
puisque vous me livrez des chiffres globaux. C'est dommage car dans
l'analyse de genres qu'on essaie de promouvoir auprès des différents
ministres, on recommande au contraire d'effectuer des analyses de genre
sexué. Celles-ci permettent d'examiner si la campagne a eu un même
impact sur les deux publics ou s'il faut faire des campagnes plus
spécifiques à certains publics. Par ailleurs, je constate que vous êtes
très content de votre campagne. Il est dommage que vous ne réfléchissiez
pas plus à cette problématique de genres. Me dire que l'action d'ADA
existe, j'en suis consciente. Elle existe depuis des années; elle
fonctionne bien mais les promotrices de l'action se sentent fort
isolées. Vous étiez secrétaire d'Etat à l'informatisation. Aujourd'hui,
il est temps de réfléchir de manière globale sur l'accès à
l'informatique et aux sites internet. Très souvent, on observe que les
sites internet sont utilisés de manière différente par les hommes et par
les femmes. Il serait intéressant d'effectuer cette réflexion au niveau
des sites internet de l'Etat et de se demander comment faire pour que
tous les utilisateurs s'y retrouvent au mieux. Je note que cela n'a pas
l'air d'être à l'ordre du jour !
Zoé Genot, députée fédérale ECOLO
rue de Louvain 21, 1008 Bruxelles
tel 02.549.90.59, fax 02.549.87.98, zoe.genot at ecolo.be
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