[Linux-bruxelles] Re: Stop Aux Volumes Limités De Nos Connexions Internet!
Thierry Mattart
tmattart at belgacom.net
Mer 23 Nov 12:36:06 CET 2005
Pour ton information, mais aussi pour celle des râleurs, le prix d'un
abonnement ADSL au Luxembourg est de _minimum_ 30 EUR/mois H.T. pour du
1 Mb/s, malgré la concurrence.
A transmettre aux personnes intéressées.
Le coût des opérations d'un réseau dépendent essentiellement de son
infrastructure (routers, concentrateurs DSL, monitoring, help-desk, ...)
mais aussi et surtout de la taille des tuyaux, déterminés par le débit
maximal demandé par ses utilisateurs. Un "peering" sur un backbone comme
Colt ou MCI coûte entre 200 et 1000 EUR/mois H.T. pour 1 Mb/s. Il est
donc clair que le provider ne peut s'en sortir que si l'utilisateur _ne
monopolise pas toute cette bande passante_ 24h/24 (sinon, il devrait
payer un accès directement sur un backbone, soit 1000 EUR/mois +
routeurs et taxes). Ceci donne lieu à ce qu'on appelle usuellement le
"facteur d'overbooking", c'est-à-dire le nombre de personnes qui peuvent
partager le même accès en moyenne. Ce facteur, dans le cas d'utilisation
domestique, est de l'ordre de 25 à 100. Donc, pour 25 à 100 abonnés à 1
Mb/s, le provider dispose d'un accès sur le réseau mondial à 1 Mb/s. Il
partage donc le coût de cet accès (entre 200 et 1000 EUR/mois selon le
fournisseur) sur l'ensemble de ses abonnés. Si un abonné lance un soft
P2P (par exemple) et monopolise l'ensemble des ressources du fournisseur
à son seul usage, il devrait payer l'accès à lui seul, plus les frais
d'acheminement chez lui, soit plus de 1000 EUR/mois. Il est donc licite,
quelque part, que le fournisseur "limite" l'usage de l'accès Internet,
afin de ne pas devoir augmenter ses prix sur l'ensemble de ses abonnés,
pénalisant ainsi des utilisateurs "légers".
Par contre, si une situation de monopole existe en Belgique (ou un
duopole Belgacom/Telenet), alors il est a craindre, comme ça a été le
cas pendant des dizaines d'années dans le marché téléphonique, que le
monopoliste se sucre honteusement sur le dos de l'économie de tout un
pays, et il faut se révolter contre cela, autant que contre les abus de
positions dominantes menant à des ventes conjointes forcées illégales
(http://bfrere.net/VCF).
N'oublions pas non plus que ces accès sont des accès pour personnes
_privées_ et non des accès à usage industriels. Les entreprises doivent
en général payer des montants bien plus élevés, du fait de la nature de
leur trafic, et ceci est discriminé par des détails techniques (nature
de la couche physique de l'accès, adresses IP multiples et fixes, ...).
Il n'est pas normal qu'un abonné privé télécharge plus de volume qu'une
entreprise, tout en payant un montant bien moins élevé.
Il ne faut pas oublier non plus que ces compagnies (TeleNet ou Belgacom)
vendent des services qui sont très attaqués par la concurrence de
l'Internet, comme la téléphonie ou la télé-distribution. Ils ont donc
tendance à limiter cette concurrence. Au débit de 64 Kb/s (téléphonie
par ISDN), le forfait de 10 GB correspond à 347 heures de
communications... soit 12 heures par jour. Comme on dispose maintenant
d'excellents codecs (ILBC <http://en.wikipedia.org/wiki/Ilbc>) libres et
gratuits, n'utilisant que le sixième du standard ISDN (environs 12
Kb/s), cette limite ne pose déjà plus aucun problème aux accros du
téléphone, qui peuvent utiliser de _vrais providers téléphoniques_
alternatifs très compétitifs sur les prix, comme VoIPGate
<http://VoIPGate.be> en Belgique. Les providers ont donc d'ores et déjà
perdu la bataille de la téléphonie... Encore faut-il que les
utilisateurs belges se rendent compte que le téléphone, c'est plus
Belgacom mais bien une multitude de solutions alternatives. Par contre,
pour ce qui est de la télédistribution, il faut bien se rendre compte
que TeleNet n'est pas prêt à laisser tomber ses abonnés sous prétexte
qu'ils regardent la TV par l'Internet ! Même avec un débit de
(seulement) 1 Mb/s pour un poste, en imaginant que seulement 50% des
foyers allument leur poste le soir, ça fait quelques 1.5 millions de
foyers en Belgique qui vont requérir 1 Mb/s, soit une capacité totale de
plus de 1000 Gb/s ! Impossible à moins de mettre en place des services
multicast, ou bien de réconcillier les trafics dès les concentrateurs
DSL. Donc, s'il n'y avait pas de limite, le réseau Internet serait tout
simplement _saturé_ par l'usage de la TV à elle seule. Il faut donc bien
une limite... 10 GB par mois correspondent qd-même à plus de 22 heures
de programmes TV à un débit de 1 Mb/s, ce qui est déjà plus que
raisonnable...
Bref, l'Internet n'est pas gratuit d'accès, et encore moins la bande
passante. Une utilisation raisonnable de cette ressource nécessite
certaines limites. Sans doute la limite arbitraire de 10 GB/mois
est-elle un peu simplette, et devrait-on imaginer des solutions plus
souples, et une situation monopolistique est non seulement illégale mais
aussi contraire à l'intérêt de tous, mais râler pour râler ne sert à
rien, et ce n'est pas légitime que d'exiger des providers un service à
bas prix totalement illimité en capacité.
Remarque: si ces limites sont faites pour empécher la saturation du
réseau du provider et de son accès au backbone mondial, alors ces
limites devraient être calculées sur des périodes différentes
d'utilisateur à utilisateur. Sinon, le 1er du mois, tout le monde ayant
son compteur à zéro, le problème de la saturation devrait être là, ce
qui démontrerait que le but poursuivi par Belgacom _n'est pas de
garantir la qualité de services pour tous_.
--
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