[Linux-bruxelles] que penser de ceci: Sacha Labourey, Jboss Inc. "Un Microsoft de l'Open Source" aurait du sens !"

Osvaldo La Rosa blinuxman at tuxfamily.org
Mer 8 Juin 19:05:36 CEST 2005


Que penser de ceci?!

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Sacha Labourey, Jboss Inc. "Un Microsoft de l'Open Source" aurait du sens !"
Directeur Général de JBoss Europe, Sacha Labourey présente sa société, son serveur d'application J2EE et partage sa vision de l'opensource professionnel
Le 07/06/2005 à 16:34 [Lu : 324 fois]

JB - Sacha Labourey, bonjour. En quelques mots, pourriez vous présenter votre parcours ?

SL - Bonjour. Je suis diplômé de l'Ecole polytechnique de Lausanne, en Suisse. Dans un premier temps, j'ai créé une petite société de développement informatique
assez agnostique puisque nous travaillions aussi bien avec du corba, du java ou du .Net. C'est à ce moment là que nous nous sommes intéressés aux serveurs
d'application J2EE. Tout en étant conscient de la valeur du middleware, nous avons également réalisé que les coûts d'utilisation de ces logiciels étaient
prohibitifs et donc inaccessibles à des PME.

Fin 2000, je me suis intéressé à la question des serveurs d'applications Open Source et dès 2001, j'ai commencé à participer à la communauté JBoss où j'ai
rencontré Marc Fleury, le futur fondateur de JBoss Inc. Nous avons beaucoup discuté à cette époque, notamment sur l'évolution d'une communauté de développeurs
en véritable entreprise capable de générer des revenus. Après avoir travaillé sur une fonctionnalité comme le clustering, j'ai accepté de prendre la tête
de JBoss Europe lors de la création de la filiale en 2003.

JB - Comment peut-on définir votre métier ? Proposer gratuitement un progiciel de qualité aux entreprises et gagner votre vie sur les services associés
?

SL - Oui. Nous appelons ce modèle "l'Open Source Professionnel" car nous combinons une vision d'éditeur de logiciel, avec ses problématiques de développement,
de test, de marketing, de support, etc
 avec celle d'un acteur de l'Open Source, dont le code logiciel est sous licence LGPL. Mais nos revenus ne viennent
pas de licences mais bien de notre activité de conseil.

Contrairement aux grands éditeurs de progiciels, qui tirent également une grande partie de leurs revenus des services mais qui dépensent énormément pour
vendre des licences, notre stratégie consiste à diffuser le plus largement possible notre progiciel (déjà 6 millions de téléchargements) sur le marché,
et ensuite d'accompagner les grosses organisations souhaitant bénéficier de nos services pour déployer des applications sur notre serveur d'applications
Open Source.

JB - On a longtemps opposé le modèle du logiciel propriétaire, tirant ses revenus des licences à celui du logiciel libre, tirant ses revenus du service.
Pourquoi ne pas adopter un modèle hybride comme celui de MySQL AB ?

SL - Après l'apparition du logiciel libre dans les années 80 et d’agrégateurs Linux dans les années 90, JBoss appartient comme MySQL AB à une seconde génération
d'acteurs développant de nouveaux logiciels Open Source. Mais là où JBoss ne contrôle qu’entre 50% et 90% du code des logiciels sur lesquels il fournit
des services et mise sur le développement d'une communauté, MySQL fait effectivement encore plus fort en contrôlant 100% du code et en proposant une double
licence, propriétaire pour les projets commerciaux, Open Source pour les projets non commerciaux.

A la création de la communauté JBoss, nous avons fait le choix de la licence LGPL qui garantit que toute amélioration du code sera redistribuée à la communauté
tout en permettant de développer une activité commerciale et de vendre des services. Ce modèle nous convient.

JB - Face à BEA, Oracle ou IBM, JBoss commence progressivement à s'imposer sur le segment des serveurs d'application et vous venez de rejoindre le carré
magique de Gartner. Vous visez la place de numéro 1 ?

SL - C'est une décision symbolique qui confirme l'inflexion du marché et la montée en puissance de JBoss sur le segment des serveurs d'application J2EE.
Gartner comptait jusqu'à présent les chiffres d’affaire de vente de licences, un domaine où nous avions évidemment du mal à rivaliser avec ces trois acteurs.
Mais je pense que les clients de Gartner lui ont néanmoins demandé de s'appuyer sur de nouveaux outils d'analyse comme le nombre de déploiements en entreprise
ou les ventes de documentation.

En entreprise, nous sommes très souvent en compétition avec WebSphere d'IBM software ou Weblogic de BEA. En dehors du secteur public italien, nous croisons
rarement le serveur d'application d'Oracle, qui nous parait plus être un produit d'appel pour vendre de la base de données. Oracle reste néanmoins un redoutable
compétiteur et ils pourraient progresser, certainement aux dépends de BEA, avec les prochaines spécifications J2EE 5.

Aujourd'hui, JBoss prend surtout des parts de marché à BEA. On peut par exemple citer le marché de la direction générale des impôts qui tournait encore
cette année sous WebLogic. En 2006, les internautes français qui feront leur déclaration d'impôt le feront grâce à JBoss.

JB - Face à l'environnement Java, pensez vous que Microsoft a des chances d'imposer .Net dans les entreprises ? Croyez vous au déploiement d'infrastructures
LAMP en entreprise ? Quel regard portez vous sur d'autres serveurs d'application Open Source comme Geronimo de la fondation Apache ou JoNas d'ObjectWeb
?

SL - LAMP c'est un autre marché, celui du web pur. Mais nous croyons au développement du LAMJ, combinant Linux, Apache, MySQL et JBoss ! Pour .Net, c'est
un environnement que nous prenons très au sérieux mais qui n'est pas encore mûre. Microsoft a un très beau framework mais il manque des fonctionnalités
comme le clustering ou la persistance. JoNas est surtout une initiative franco française et ils sont peu visibles. Nous les invitons plutôt à rejoindre
la communauté JBoss. Enfin, pour Geronimo, on ne les voit tout simplement pas car la version 1.0 n'a toujours pas été annoncée.

JB - JBoss est présent dans l'univers du middleware. Comptez vous également être présent sur le marché des bases de données ou des applications dans une
logique de développement vertical ?

SL - Notre ambition est de créer une pile middleware complète en Open Source baptisée JEMS (JBoss Enterprise Middleware System) combinant un serveur d'application
J2EE mais également des outils d'intégration (Hibernate, Tomcat) et de développement (jBPM, Eclipse). Nous n'avons pour l’heure pas d'ambition dans l'univers
des applications ou des bases de données mais il est vrai qu'une sorte de "Microsoft de l'Open Source" aurait du sens !

JB - Malgré les timides efforts de Sun en matière d'Open Source, un langage comme Java reste un logiciel propriétaire. Soutenez vous Harmony, l'initiative
de la fondation Apache visant à faire de J2SE un logiciel libre ?

SL - Oui et non. Je ne suis pas opposé à une implémentation plus large de Java et un usage plus massif de cette technologie mais je tiens à ce que les équipes
de Sun gardent la main sur le développement de la spécification de Java.

JB - En dehors de Dassault System, de Business Object et de quelques éditeurs de jeux vidéo, la France compte peu de champions de logiciel. Est-ce parce
que l'environnement y est défavorable que JBoss a été créé aux USA par Marc Fleury ?

SL - Marc Fleury a rencontré sa femme à Boston et était attiré depuis longtemps par la mythique Silicon Valley ce qui explique que la société ait été crée
en Californie, même si désormais elle est basée à Atlanta. Même si il est vrai qu'il existe encore de nombreuses rigidités sur le marché français, la majorité
de nos développeurs sont en Europe, en particulier en France où il y a d'excellents informaticiens. Mais même si nous sommes très attachés à la France,
nous avons préféré la Suisse pour y installer notre siège Européen

JB - Sacha Labourey, je vous remercie.

Jérôme Bouteiller





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