[Linux-bruxelles] dossier Logiciels libres
Miguel Quaremme
mquaremme at cire.irisnet.be
Mar 2 Mar 10:06:14 CET 2004
Alexandre Dulaunoy wrote:
> Ce qui est assez amusant, on peut voir souvent dans ce genre de
> discussion que le cadre légal est une solution magique. Alors que le
> danger majeur (IMHO) c'est l'extension du cadre légal. Complexifier le
> cadre légal, c'est offrir un terrain de bataille aux actions pour
> limiter l'auteur dans son travail d'auteur et surtout sa liberté.
Justement c'est là un point où je ne peut être d'accord.
D'un côté, les lois sont votées "démocratiquement", publiquement, elles
doivent passer un certain nombre d'étapes, on peut les annuler, les
modifer, etc. Elles sont relativement peu nombreuse (même s'il y en a
beaucoup). Bref, elle offre une certaine stabilité et une transparence
et le plus important tout le monde est égal devant les lois.
De l'autre, le contrat est une convention accepter par deux parties dont
les termes sont laissés à leur discretion (à peu de chose près), mais
qui fait loi pour les cocontractants. Les contrats sont, en plus, en
nombre illimités et déjà très nettement plus nombreux que les lois.
Malheureusement nous ne sommes pas dans une société où tous les
cocontractants ont la même force, la même liberté à accepter ou refuser
les contrats. Nous ne sommes pas égaux devant les contrats.
À mon sens, les contrats (dans le cadre du droit d'auteur) ne sont
qu'une astuce, un palliatif à un véritable système. Certes on peut
abuser d'un système, mais c'est une déviance réprimandable. Tandis que
le contrat est le règne de l'anarchie dans lequel "l'abus" (la
magouille) est la règle pour survivre.
Il est probable (certain selon moi) qu'un société basée sur les contrats
est bien plus sujette à des abus et des litiges qu'une société basée sur
des lois. La situation américaine étant remarquable de ce point de vue.
Pour l'instant nos adversaires gagnent parce qu'ils font voter des lois
de plus de plus restrictives, le jour où ils feront voter une loi
interdisant le type de contrat "Copyleft" on pourra tous s'asseoir sur
notre GPL. Donc, il faut lutter là où nous aurons une pérenité de notre
façon de voir.
> Le droit d'auteur dans sa situation actuelle est très bien. Pourquoi
> vouloir l'étendre ou le modifier en profondeur ? (Je serais heureux de
> voir des exemples de modifications nécessaires dans la législation du
> 30 juin 1994)
Stallman & co en créant la GPL ont préféré contourner le problème du
"changement de système". C'est très futé.
Il me semble que vouloir que le copyleft soit la règle plutôt que
l'exception est un combat à mener.
Faire en sorte d'avoir un cadre structurel pour le copyleft plutôt
qu'une astuce.
> Voici un autre mythe. Un procès ou une procédure légale n'est pas
> contre la GPL en tant que tel puisque ce n'est qu'une licence
> pro-format offerte par la FSF (qui est l'éditeur de la licence) mais
> concernant l'application du droit d'auteur. La majorité des cas autour
> des licences libres sont en fait des simples contrefaçons. (Si vous
> avez le temps, on peut exposer des résolutions de contrefaçons sur les
> licences libres réalisées par la FSF avec l'AEL)
Il me semble que tu confonds la propagande FSF qui _voudrait_ que la GPL
soit une licence pro-format et la "réalité" juridique dans laquelle nous
sommes, c-à-d que la plupart des juristes considèrent que la GPL est un
contrat (plus ou moins bien formé et valide).
C'est un peu comme si on faissait un
> procès contre les contrats de travail. Oui mais lequel ?
La GPL est un contrat type, à partir du moment où il est accepté par les
parties, il prend effet et devient un contrat "normal". Donc on peut
l'attaquer. Par ailleurs, théoriquement, on peut dire que la GPL est
ceci ou cela, comme on juge un contrat de travail type sur sa
pertinence, sa qualité, etc. même si on ne l'utilise pas. Un examen
priori en quelque sorte.
> Je te suis sur ce point. Mais le rapport de force dans le cadre légal
> a changé... Crois-tu que l'application de l'article 6 de la directive
> 2001/29/CE (EUCD) vient d'une discussion entre toutes les forces de la
> société ?
Non, mais c'est pour ça qu'il faut se positionner sur le même terrain et
défendre nos idées. "Ils" tentent de nous dégoûter de la politique pour
avoir les plein pouvoirs.
Nous ne devons pas abandonner définitivement la démocratie. Mais au
contraire lutter contre la ploutocratie (gouvernement par l'argent)
qu'on nous promet.
> adulau (très calme)
--
Miguel Quaremme vachement zen
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