[Linux-bruxelles] Fichiers musicaux : le juke-box déraille

Marc Arnoldy marc_arnoldy at yahoo.fr
Mar 13 Juil 13:54:46 CEST 2004


Un petit article sur la confiance qu'on peut avoir dans le libre marché 
de la gentille concurence des sociétés qui ne veulent que notre bonheur.
Bonne lecture,

Marc A


La multiplication des formats, un casse-tête pour le consommateur.
Fichiers musicaux : le juke-box déraille

Par Florent LATRIVE

mardi 13 juillet 2004 (Liberation - 06:00)

'est le pire cauchemar des amateurs de musique. La Fnac ne vendrait que 
des disques lisibles sur une chaîne Samsung. Quelques rues plus loin, un 
autre disquaire fourniraient les possesseurs d'autoradios Blaupunkt, et 
seulement eux. Cette situation absurde, impensable grâce au CD, standard 
lisible sur tous les appareils et vendu dans tous les magasins, est 
pourtant celle aujourd'hui de la vente de musique en ligne. Vanté par 
les campagnes de publicité triomphales de l'iTunes Music Store d'Apple 
ou de Connect-Europe de Sony, ce commerce émergent est déjà plombé par 
une guerre des standards incompréhensible pour le consommateur. Un 
comble alors que la filière du disque compte sur le téléchargement 
payant pour détourner les internautes des services gratuits d'échanges 
de fichiers comme Kazaa ou eMule.

Tous les distributeurs de fichiers musicaux poussent chacun son propre 
format au nom ésotérique. L'iTunes Music Store d'Apple ? La musique y 
est vendue au format AAC/Fairplay (Advanced Audio Coding). VirginMega et 
la Fnac ? Toutes les chansons y sont fournies avec le format de 
Microsoft WMA (Windows Media Audio). Et, dernier arrivé sur le secteur, 
Sony a propulsé un service Connect-Europe équipé de l'Atrac 3 Plus. Une 
guerre des sigles dont les premières victimes sont les consommateurs : 
seuls les technophiles les plus motivés peuvent s'y retrouver. D'autant 
que ces formats différents sont souvent réservés à certains baladeurs 
numériques : seul l'iPod d'Apple peut lire les chansons téléchargées sur 
le Music Store, par exemple.

«Western». Ce foutoir commence à inquiéter les distributeurs classiques 
de disques et les labels. «La mise en place d'une offre légale de 
téléchargement est la meilleure réponse à la piraterie et ce marché est 
déjà saucissonné à travers des standards différents qui vont compliquer 
la vie du consommateur», s'agace Jean-Noël Reinhardt, le patron de 
VirginMega.fr. Pour François Momboisse, responsable du site de 
téléchargement de la Fnac, «si l'on veut que la musique numérique légale 
se développe, il faut qu'elle soit simple d'accès. Il ne faut pas se 
poser de questions métaphysiques pour savoir si je peux l'écouter sur 
mon baladeur et être obligé de regarder la marque de l'appareil.»

Ce «western», selon l'expression d'un distributeur, est en train de 
tourner au pugilat judiciaire, car tous ces formats sont protégés par 
des brevets. VirginMega a ainsi saisi fin juin le Conseil de la 
concurrence pour forcer Apple à lui donner accès à son propre standard. 
«On a mis en demeure Apple de nous licencier sa technologie afin de 
permettre aux clients de VirginMega de transférer leur musique sur iPod 
et notre demande est restée sans réponse», indique Jean-Noël Reinhardt. 
La Fnac, dont le nouveau site est prévu pour septembre, s'apprête à 
passer outre l'autorisation d'Apple et proposera à ses clients un 
logiciel capable de transférer la musique vendue sur le site de 
l'enseigne vers les iPod. Quitte à risquer un procès.

Gloutons. A qui la faute ? Aux acteurs de l'informatique, tout d'abord, 
nouveaux entrants qui tentent d'imposer leurs technologies de bout en 
bout. Le patron d'Apple, Steve Jobs, n'a jamais caché que la vente de 
musique était pour lui un moyen de vendre plus de baladeurs. La société 
de Cupertino s'occupe de tout : son magasin en ligne (Music Store), le 
logiciel de lecture sur ordinateur (iTunes) et le baladeur numérique 
(iPod). Et pas question de céder un pouce de terrain. «Apple s'est battu 
contre Microsoft en disant que c'était le grand méchant loup et, le jour 
où il se retrouve en position dominante, il se comporte de manière 
encore plus brutale», commente un distributeur français. Un modèle copié 
par Sony qui compte sur son Connect-Europe pour écouler son Network 
Walkman. Quant à Microsoft, s'il se contente pour l'instant de vendre 
son format WMA, des rumeurs persistantes lui attribuent l'envie d'ouvrir 
un site de téléchargement et de mettre sur le marché son baladeur. Ce 
qui inquiète toute la filière musicale.

Les maisons de disques, notamment les majors, ont aussi leur 
responsabilité dans cette balkanisation. Car un standard pour la musique 
en ligne existe : c'est le MP3, lisible par tous les ordinateurs et 
quasiment tous les baladeurs numériques. Les maisons de disques n'en ont 
pas voulu car il avait à leurs yeux le défaut d'être copiable sans 
limite. Elles ont donc privilégié les formats verrouillés et protégés 
contre le clonage proposés par Apple, Microsoft ou Sony. Au risque de 
handicaper le jeune marché payant, selon Rodolphe Buet, directeur des 
produits disques de la Fnac : «On doit créer un nouveau marché et on met 
des barrières à l'entrée qui rendent plus difficile d'acheter de la 
musique légale que d'aller sur Kazaa et eMule.»




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